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puce Razzia sur les terres arables. Intervention d'Hubert Cochet sur la chaîne Public Sénat.
le 22 octobre 2009
Samuel L’Orphelin

Hubert Cochet, professeur d’agronomie à AgroParisTech et actuel président d’AGTER est intervenu sur une table ronde autour de la « Razzia sur les terres arables » organisée par l’émission Paroles du Monde de la chaîne Public Sénat, le 22 octobre 2009. Cette table ronde réunissait Charles Beigbeder, PDG de Powéo et investisseur dans les terres d’Ukraine, ainsi que Frédéric Lemaître, rédacteur en Chef Economie au journal Le Monde.


Après une introduction sur les accaparements de terres en Argentine, en République Démocratique du Congo et la déclaration de Jacques Diouf sur le « néocolonialisme agraire », l’émission nous a proposé un court reportage sur les investissement conduits par Black Earth Farming (compagnie suédoise) en Russie sur une étendue de 300 000 Ha. L’investisseur profite de prix très attractifs sur des terres considérées comme libres, et de la montée récente des prix agricoles.

Pour Charles Beigbeder, l’agriculture est vraiment porteuse de valeur ajoutée. C’est pour cela qu’il a investi dans des ex-fermes collectives d’Ukraine « tombées en désuétude », en procédant à des arrangements avec les anciens kolkhoziens, maintenant propriétaires du foncier. Une fois les entreprises qui les exploitaient rachetées, il réalise des investissements dans le matériel et les intrants pour mettre en place « une agriculture raisonnée ». 130 personnes, des locaux, y travaillent, 35 étant embauchées dans chaque ferme de 6.000 à 7.000 ha. L’objectif initial de produire des agrocarburants à finalement été abandonné pour se consacrer à la production alimentaire.

Hubert Cochet considère que le phénomène d’accaparement de terres a une ampleur exceptionnelle et nouvelle mais qu’il est difficile de le quantifier car l’essentiel des investissements est réalisé dans la plus totale opacité. Selon lui, les acheteurs sont de natures diverses :
- pays pétroliers faiblement dotés en ressources agricoles et cherchant un approvisionnement alimentaire sécurisé « offshore » , ce qui semble prouver qu’ils n’ont plus confiance dans les marchés pour ce faire
- grands états (Chine et Inde) à la population trop nombreuse pour assurer une autosuffisance alimentaire et qui souhaitent sécuriser leurs approvisionnement en matière de denrées alimentaires et d’agro-carburants
- investisseurs privés qui souhaitent diversifier leur portefeuille d’activités avec un objectif de rentabilité financière. Pour cela, l’Ukraine se trouve être un pays très attractif : foncier peu cher mais sécurisé, structures favorables à la mécanisation et main d’œuvre bon marché mais qualifiée.

Quant aux Etats qui accueillent les investissements, ils ont aussi des comportements variés :
- dans les Etats où la propriété privée règne, les investisseurs achètent généralement la terre directement aux autochtones et le gouvernement n’intervient pas.
- dans les Etats où il n’y a pas ou peu de propriété privée, le droit coutumier règne mais les Etats se considèrent comme propriétaires éminent du sol et se permettent d’accorder des concessions d’exploitation aux investisseurs, sans avoir préalablement consulté les populations. Le cas de Madagascar est illustratif sur ce point.
Dans tous les cas, Hubert Cochet affirme que les risques d’émeute existent, en se référant à l’instabilité qui règne dans des pays d’Amérique Latine depuis 50 ans à cause de l’inégalité d’accès à la terre.

Charles Beigbeder concède que le cas Daewoo est aberrant mais que les pays hôtes ont besoin d’investissements, comme l’Ukraine pour qui les contrats sont « gagnant-gagnant ». Ces pays sont « pauvres et tout est à faire », d’où les formations dispensées aux agriculteurs, « qui pourront ensuite créer leurs propres exploitations ».

Après avoir précisé que la terre peut être une valeur d’investissement majeure mais que cela dépend des régions concernées et des régimes juridiques en place, Frédéric Lemaître souligne que le problème vient souvent du rapatriement des aliments dans les pays du Nord. Cela favorise les productions d’exportations au dépend des productions vivrières.

Quant au code de bonne conduite envisagé par le G8, Frédéric Lemaître considère que la première priorité est de corriger la « transparence et la démocratie pas toujours parfaite ». Même si les investissements permettaient une augmentation des rendements, il faudrait considérer sérieusement les inconvénients existants.

Pour conclure, Hubert Cochet a rappelé qu’il y a un réel besoin d’investissements dans l’agriculture mais pas n’importe lequel. L’agriculture paysanne et familiale est efficace mais elle nécessite des capitaux et des infrastructures de marché. Elle n’a certainement pas besoin d’évictions forcées, surtout si ces évictions se font au nom d’une supériorité technique, non prouvée dans la plupart des cas.

Pour voir la vidéo, avec l’aimable autorisation de la chaîne Public Sénat :

Flash Video - 111.9 Mo


 
 
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