Le périodique La France Agricole a consacré une page de son numéro 3314 de décembre 2009 aux investissements dans le foncier agricole avec un article intitulé : La ruée mondiale sur les terres agricoles s’accélère.
- Merlet; 2009; France agricole. [fr]
Dans l’interview faite par Arielle Delest, Michel Merlet fait un parallèle entre l’évolution de l’agriculture française et celle que les achats ou locations massifs de terres par des étrangers tendent à imposer dans les pays du Sud.
En France, la création du statut du fermage a permis à la fois de sécuriser le droit d’usage, tout en préservant les droits de propriété. Cela a largement contribué à moderniser la production agricole.
Même quand il existe déjà des droits formalisés sur la terre dans certains pays du Sud, leurs détenteurs les cèdent, volontairement ou après avoir subi des pressions, car il n’existe pas de mécanismes de régulation des marchés fonciers ni de contrôle des structures.
Quelle que soit la situation, les habitants ne peuvent "concurrencer" les gros entrepreneurs nationaux et les "investisseurs" étrangers sans une longue période d’adaptation et de construction de nouvelles capacités de gouvernance des ressources, un apprentissage et des politiques publiques favorables. Ils n’ont ni les moyens techniques et financiers pour améliorer leur productivité, ni la possibilité d’entrer en relation avec des marchés lointains, ni celle de répondre à des normes de plus en plus exigeantes.
Mais on connaît des exemples de situations dans lesquelles ces obstacles ont été surmontés. Cela a été le cas en Europe au sortir de la guerre, et en particulier en France. Les dirigeants de l’époque auraient pu opter pour des concessions à quelques grandes firmes américaines et transformer tous nos paysans en ouvriers agricoles ou en chômeurs. Cela aurait-il été une bonne option pour nos sociétés ?
L’agriculture européenne moderne s’est construite sur des mécanismes de coopération entre les producteurs et un effort conjoint des organisations paysannes et des États, qui ont mis en place des politiques agricoles capables de permettre l’expression du potentiel des producteurs familiaux. Pourquoi cette voie ne pourrait-elle pas permettre aux pays du Sud de sortir durablement de la pauvreté ?
L’article est disponible en téléchargement sur cette page, avec l’autorisation de la revue La France Agricole.